Une zone de rusticité est une zone géographique dans laquelle une espèce spécifique de plantes est capable de vivre, c’est-à-dire de supporter les températures minimales hivernales de cette zone. En quoi les zones de rusticité peuvent-elles nous aider à choisir les plantes de notre jardin-forêt ? C’est le sujet que nous allons aborder dans cet article.
Qu’est-ce que la rusticité d’une plante ?
La rusticité d’une plante, c’est sa limite de résistance au froid : ainsi, une plante rustique à -10°C mourra si les températures descendent sous la barre des -10°C (notez que ses parties aériennes pourront être endommagées avant que les -10°C ne soient atteints). Ce critère de rusticité est essentiel pour le jardinier : il devra choisir des plantes vivaces, des arbres et des arbustes capables de supporter les températures hivernales minimales généralement observées dans sa région.
Comment connaître ma zone de rusticité ?
Pour vous aider à connaître votre climat et les minimales hivernales, deux solutions : faire vos propres relevés de températures, sur plusieurs années (ce qui permet de préciser le micro-climat local et ses variations annuelles), ou vous fier aux zones de rusticité. Le système de cartographie des zones de rusticité le plus communément utilisé est appelé système USDA, mais n’est pas le seul.
Les zones USDA, c’est quoi ?
Le Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis (United States Department of Agriculture, ou USDA) a élaboré des cartes de zones climatiques des Etats-Unis, très précises ; d’autres continents, dont l’Europe, ont ensuite été également cartographiés de cette manière ; le nom de « carte USDA » est resté.
Lien vers la carte USDA de la France (d’autres cartes existent sur le même site) : https://www.plantmaps.com/interactive-france-plant-hardiness-zone-map-celsius.php
Le principe de ces zones climatiques est le suivant : en faisant la moyenne des températures les plus froides relevées chaque hiver pendant 30 ans dans de très nombreuses stations couvrant l’ensemble du pays, des zones isothermes ont pu être déterminées.
Zone 1a : -51,1 à -48,3°C
Zone 1b : -48,3 à -45,6°C
Zone 2a : -45,6 à -42,8°C
Zone 2b : -42,8 à -40°C
Zone 3a : -40 à -37,2°C
Zone 3b : -37,2 à -34,4°C
Zone 4a : -34,4 à -31,7°C
Zone 4b : -31,7 à -28,9°C
Zone 5a : -28,9 à -26,1°C
Zone 5b : -26,1 à -23,3°C
Zone 6a : -23,3 à -20,6°C
Zone 6b : -20,6 à -17,8°C
Zone 7a : -17,8 à -15°C
Zone 7b : -15 à -12,2°C
Zone 8a : -12,2 à -9,4°C
Zone 8b : -9,4 à -6,7°C
Zone 9a : -6,7 à -3,9°C
Zone 9b : -3,9 à -1,1°C
Zone 10a : -1,1 à 1,7°C
Zone 10b : 1,7 à 4,4°C
Zone 11a : 4,4 à 7,2°C
Zone 11b : 7,2 à 10°C
Zone 12a : 10 à 12,8°C
Zone 12b : 12,8 à 15,6°C
Zone 13a : 15,6 à 18,3°C
Zone 13b : 18,3 à 21,1°C
En France, on rencontre ainsi les zones 5 (zones de montagne) à 10 (littoraux corse et de l’extrême sud-est). Voici par exemple la carte des zones qui entourent notre site dans la vallée de la Drôme :
Comment utiliser les zones de rusticité ?
Cette « carte des zones USDA » est associée à une liste de plantes pouvant être cultivée dans chaque zone, en fonction de leur rusticité. Avant de planter, il faut donc se renseigner sur la rusticité du végétal, et tenir compte de la zone USDA dans laquelle on se trouve : lisez les étiquettes ou demandez conseil à votre pépiniériste.
Dans le contexte des bouleversements climatiques en cours, on peut aussi prendre le risque d’aller regarder du côté de la zone qui suit immédiatement celle sur laquelle se trouve notre terrain, afin d’avoir un aperçu des plantes qui seront adaptées à notre climat dans les prochaines années… et pourquoi pas tenter d’acclimater certaines d’entre elles.
Rusticité des plantes : les autres facteurs qui jouent
Il faut nuancer ce zonage climatique, aussi précis soit-il, et tenir compte des facteurs micro-climatiques :
- Un sol humide et/ou argileux ;
- L’exposition au vent ;
- La pente et l’exposition de la parcelle ;
- L’altitude
Si l’on reprend l’exemple du terrain sur lequel se trouve notre pépinière, la carte indique qu’il est situé sur la zone 8b. Mais 3 autres zones sont géographiquement vraiment très proches, ce qui donne une importance relative plus grande aux micro-climats. L’altitude, le sol argileux et l’exposition de notre terrain au mistral font que dans la pratique, les températures hivernales descendent régulièrement sous les -10°C. Nous considérons donc que nous sommes plutôt dans la zone 7b.
Si la rusticité de la plante est « un peu juste » pour votre région, vous pouvez mettre toutes les chances de votre côté pour gagner quelques degrés (au moins pendant les premières années) avec différents moyens de protection des plantes contre le froid : voile d’hivernage, paillage, plantation contre un mur exposé au sud, plantation en pot/bac avec hivernage à l’abri…